«
Apportez Twelve s'il vous plaît. »
Deux hommes escortent une fillette brune devant ce fameux gars en blouse blanche. Un médecin peut-être. La fillette le toise du regard. Elle le déteste du plus profond de son âme.
«
Vous pouvez partir. Twelve, va te mettre en rang à côté d'Eleven »
Les deux hommes s'en vont et laissent la gamine seule. Elle fait semblant de pas comprendre ce que le faux médecin dit et elle ne bouge pas d'un cheveux. Plutôt crevé que de lui obéir.
«
Twelve, on sait tout les deux que tu comprends ce que je dis. Obéis sinon tu sais ce qui t'attends. »
La mort, elle l'avait affronté déjà trop de fois pour son jeune âge. Elle n'en avait plus peur. Elle reste de marbre, le fixant intensément avec ses yeux bleus.
«
Très bien. Comme tu voudras. »
Lâche le faux scientifique en prenant un fouet. Il lui donne des coups de plus en plus violent. Elle finit par tomber sur le carrelage froid mais elle ne lâche pas un cri ni une larme. Elle a déjà montré trop de faiblesses, elle ne veut plus les satisfaire. Elle préfère rester silencieuse, c'est ce qui les énerve le plus.
Au bout de plusieurs minutes, il finit par attraper la fillette par les cheveux pour la traîner à côté de ses camarades d'infortunes. Elle ne lâche pas un mot et se met en rang machinalement.
Des aiguilles qui se plantent dans ses bras, des cachets qu'elle avale pour les vomir quelques heures plus tard. Des examens qui défilent... c'est une journée banale dans ce laboratoire.
Les enfants finissent par retourner dans leur cellule. La fillette brune regarde les autres gamins. Ils sont tous faibles. Tout le monde a peur mais personne ne le montre. Ils ont tous entre six et douze ans. Ils veulent tous mourir et prie pour qu'une des injections leur sois fatale. Mais ça fait déjà environ trois ans qu'elle est ici et personne ne meurt mais tous deviennent fous. Si l'enfer existe... elle y est.
Elle en est persuadée.
______________
Des bruits sourds retentissent. Elle lève doucement les yeux mais n'y prête pas plus attention que ça. Si quelqu'un essaye de s'échapper, il sera rattraper. Il n'y a aucune issue ici. Seule la mort peut être une délivrance.
«
Par ici ! Les gosses sont là ! »
Cette voix... elle ne la connait pas. Pourtant, elle connait toutes les voix dans cet endroit. Elle se lève et marche lentement vers les barreaux de sa cellule.
Des hommes et des femmes. Ils sont dans une drôle de tenue. Ils ouvrent doucement la cellule de la fillette qui est avec d'autres enfants. Ils se fixent tous mutuellement. Puis, comme par miracle, on les fait sortir de leur enfer. Enfin,
ils voient la lumière du jour pour la première fois de leur vie. Mais... elle est bien faible contrairement aux lumières du laboratoire.
Ils pensaient tous que cette faible lumière était leur salue. Ils avaient tous tord.
Ce monde était couvert d'immeubles et de bitumes. Ils sont sortis du laboratoire après que ces personnes leur est tous mis un masque. Et c'est à ce moment précis quand elle tourna les yeux vers le ciel ou plutôt vers les gaz toxiques que la fillette pensa que peut-être le laboratoire n'était pas si mal que ça.
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Abandonner. Délaisser. Voilà ce qu'elle est. Elle ignore d'où elle vient ni encore moins où elle va. Cela fait bien longtemps qu'elle vit dans les bas fonds de la société. Laisser en tant que vermine après avoir été «
sauver ». Ils sont drôles ces soldats à «
aider » puis à les abandonner sous prétexte qu'ils étaient trop nombreux... que personne ne pouvaient s'occuper d'eux.
Elle sait depuis bien trop longtemps qu'elle ne peut compter que sur elle même.
Mangeant la fausse bouffe, des restes d'ordures que son organisme a apprit à digérer. Elle ne sait même pas ce qui est bon ou mauvais tellement elle s'est habituée à se nourrir de tout et de rien. L'eau contaminé des pluies, elle en buvait. Elle était devenue une morte vivante dans cet enfer.
Elle collectionnait juste des livres et des images de l'ancien monde. Il était beau.
Vert. Avec des grandes maisons. Des créatures sauvages et libres. Il y avait beaucoup de choses dans les morceaux de pages et les images qu'elle trouvait.
Et c'est ainsi, qu'elle construit dans cet enfer, son ultime espoir. L'océan. Les pays. Les continents. Partir. Être libre.
C'est tout ce qu'elle désirait. Le temps passa et elle prit partit. Elle abandonna la sombre idée de survivre dans cet enfer quand elle pouvait vivre en construisant un autre monde. En détruisant celui-ci pour en bâtir un plus beau. Cet ultime espoir. Elle y croit dur comme fer. Après tout, l'Ouroboros a des laboratoires où il y a des gênes de ces drôles d'animaux et de plantes. Ils peuvent les faire survivre... Cette planète n'est pas condamnée si seulement on fait tomber la société. Et c'est ce qu'elle compte faire... Déclencher l'
Apocalypse pour bâtir un monde nouveau par dessus.